En ce Global Accessibility Awareness Day, un constat s’impose : malgré les discours, le web reste largement inaccessible pour des millions de personnes. Et si on arrêtait de faire l’autruche ?
Un web pensé pour tous… en théorie seulement
Chaque 15 mai, le monde numérique est invité à se regarder dans le miroir. Ce que l’on y voit en 2025 ? Un reflet troublant : 97 % des sites web français ne respectent pas les règles d’accessibilité. Oui, 97 %. C’est plus qu’un signal d’alarme, c’est une claque.
Le web, censé être un espace public, une agora moderne, reste en réalité truffé d’obstacles invisibles pour les personnes en situation de handicap. Et on ne parle pas ici d’un confort optionnel, mais d’un droit fondamental : celui d’accéder à l’information, de participer, de consommer, de s’exprimer.
Accessibilité : pas seulement une affaire de handicap
Quand on parle d’accessibilité, on imagine souvent des outils complexes pour des publics très ciblés. Mais détrompez-vous. Ce n’est pas un luxe ni une niche. C’est pour tout le monde.
Pensez à votre grand-mère, à ce collègue malvoyant, à vous-même, un soir de fatigue devant un écran trop lumineux. L’accessibilité, ce sont ces sous-titres qui sauvent une série mal traduite, cette navigation fluide qui vous fait gagner un temps précieux, ou ces contrastes bien pensés qui évitent la migraine.
En clair : améliorer l’accessibilité, c’est améliorer l’expérience utilisateur. Point barre.
Des chiffres glaçants, un engagement tiède
Moins de 1 % des sites français sont réellement accessibles selon la Fédération des aveugles de France. Pire : la majorité des éditeurs ignorent même les obligations légales, faute de formation ou de sensibilisation. On marche sur la tête, non ?
Pourtant, il existe des ressources, des associations comme Access42 ou Valentin Haüy, et des outils gratuits comme WAVE ou Google Lighthouse. Pas besoin d’être développeur senior pour commencer à faire mieux.
Pas de baguette magique, mais des solutions concrètes
On ne vous demande pas de transformer votre site en modèle universel du jour au lendemain. La perfection immédiate n’est pas le but. Ce qui compte, c’est d’agir un pas après l’autre.
Commencez par le basique : permettre de zoomer un texte à 200 %, uniformiser la navigation, clarifier les formulaires. Du bon sens, en somme. Et si vous bloquez, l’intelligence artificielle peut même vous filer un coup de main pour générer des descriptions d’images, par exemple.
Et surtout, montrez votre engagement. Deux pages suffisent pour formaliser votre démarche : une déclaration d’accessibilité, et un schéma pluriannuel. Ce n’est pas un gadget administratif, c’est une preuve que vous prenez la question au sérieux.
L’EAA arrive, et avec elle, de nouvelles obligations
À partir de juin 2025, la directive européenne sur l’accessibilité (EAA) imposera des règles plus strictes aux entreprises de plus de 9 salariés ou générant plus de 2 millions d’euros de chiffre d’affaires. L’inclusion devient une contrainte juridique, pas juste morale.
Cette réglementation ne vise pas à sanctionner à tout prix. Elle cherche à rappeler que le web n’est pas neutre. Un site accessible, c’est un espace où l’on ne vous renvoie pas votre différence à la figure à chaque clic.
Et si on s’y mettait, vraiment ?
L’accessibilité web n’est pas un luxe, ce n’est pas non plus une montagne infranchissable. C’est une démarche, un effort constant, un état d’esprit. Et c’est surtout une façon de dire, à chaque utilisateur : « Tu es le bienvenu ici. »
Alors, on commence quand ?