Données et durabilité : les entreprises face à un tournant stratégique

La transition écologique n’est plus une option pour les entreprises, mais une nécessité. Derrière cette évolution, un moteur discret mais puissant joue un rôle central : les données. Collecter, structurer et exploiter ces informations devient un levier incontournable pour piloter une stratégie RSE ambitieuse et crédible. Mais comment transformer ces données en actions concrètes ? Quels défis et opportunités se présentent aux entreprises engagées dans cette révolution durable ?

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Un cadre réglementaire plus exigeant : vers une obligation de transparence</h2>

Depuis janvier 2024, la directive européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) impose aux grandes entreprises et aux ETI de mesurer avec précision leurs impacts environnementaux, sociaux et économiques. Finie l’ère des promesses vagues et du greenwashing. Place aux chiffres, aux preuves et aux actions tangibles.

Cette réglementation renforce une dynamique amorcée dès 2001 avec la loi française sur les nouvelles régulations économiques (NRE). Cette dernière obligeait déjà les entreprises cotées en bourse à intégrer des éléments de RSE dans leur rapport de gestion. Aujourd’hui, l’exigence de traçabilité des données s’étend bien au-delà des entreprises elles-mêmes : elles doivent aussi rendre compte des pratiques de leurs fournisseurs et partenaires.

Le but ? Construire une approche globale et transparente de la responsabilité sociétale. Mais encore faut-il disposer des outils et des compétences pour gérer cette masse d’informations.

Des données au service d’une transformation en profondeur

Un pilotage précis pour une RSE efficace

Impossible d’améliorer ce que l’on ne mesure pas. Les entreprises doivent donc collecter et analyser des données pertinentes pour piloter efficacement leur stratégie RSE.

Prenons l’exemple de la réduction des émissions de CO₂. Sans données précises, difficile d’identifier les postes les plus polluants et d’orienter les efforts là où ils auront le plus d’impact. Adrien Beton, expert en transformation durable chez Onepoint, souligne que “ces émissions indirectes en amont ou aval représentent parfois plus de 80 % du total d’une entreprise. Les maîtriser nécessite d’impliquer l’ensemble de la chaîne de valeur.”

Un constat qui s’applique à de nombreux domaines : éco-conception des produits, gestion des ressources, conditions de travail des fournisseurs… Chaque aspect de la RSE repose sur des données solides pour éviter les déclarations d’intention creuses.

Des outils pour structurer et exploiter ces données

Longtemps, le reporting RSE est resté un processus artisanal, souvent chronophage et peu intégré aux autres systèmes de gestion d’entreprise. Mais les choses changent.

Aujourd’hui, des outils numériques permettent de structurer ces informations et de les exploiter plus efficacement. L’intelligence artificielle, par exemple, peut analyser des documents non structurés et extraire des données clés en langage naturel. Des plateformes comme Provoly, développée par Onepoint, permettent même d’anticiper les aléas climatiques en s’appuyant sur les scénarios du GIEC.

L’enjeu est clair : automatiser la collecte et l’analyse des données pour passer du reporting subi à un véritable pilotage stratégique de la durabilité.

Un défi humain autant que technologique

Les données sont un levier puissant, mais elles ne suffisent pas. Pour que la transformation soit efficace, il faut embarquer l’ensemble des collaborateurs.

Caroline Baron, consultante RSE, insiste sur ce point : “Si on n’accompagne pas les collaborateurs, ça ne fonctionne pas. Il faut qu’ils comprennent les enjeux et sachent comment les intégrer dans leur quotidien.”

Les entreprises les plus avancées ne se contentent donc pas d’un service RSE isolé. Elles diffusent la culture de la durabilité à tous les niveaux de l’organisation. Et c’est là que réside le véritable tournant : faire de la RSE non pas une contrainte, mais un levier d’innovation et de transformation des modèles économiques.

Conclusion : les données, clé d’un business plus durable

Les entreprises ont désormais entre leurs mains un outil stratégique puissant : la donnée. Bien utilisée, elle permet de passer d’une approche déclarative à une transformation réelle, mesurable et impactante.

Mais attention, cette révolution ne se limite pas à la technologie. C’est avant tout une question de vision et d’engagement. Intégrer pleinement la durabilité au modèle d’affaires, structurer un reporting fiable, mobiliser l’ensemble des acteurs… Autant de défis à relever pour que les ambitions RSE ne restent pas lettre morte.

Finalement, la vraie question est simple : les entreprises saisiront-elles cette opportunité pour repenser leur rôle dans la société ?

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